Source
https://www.lefigaro.fr/vox/societe/gerald-kierzek-le-masque-est-un-gadget-politique-qui-eclipse-la-crise-generale-du-systeme-de-sante-20221209
Alors que le gouvernement n'exclut plus un retour au masque obligatoire, le médecin urgentiste plaide pour des mesures plus adaptées et une vision de long terme. Selon lui, une réorganisation de l'hôpital public est nécessaire.
Face au risque d'une triple épidémie (Covid-19, Grippe, Bronchiolite), le gouvernement envisage de rétablir le port du masque obligatoire. Cette mesure est-elle réellement appropriée à la situation ? Peut-elle endiguer une nouvelle vague ?
Gérald KIERZEK. - Il faut déjà expliquer cette notion de triple épidémie, particulièrement anxiogène, qui ne correspond pas forcément à la réalité. Il y a deux populations très différentes touchées par les virus saisonniers (grippe, bronchiolite) et qui n'ont ni les mêmes risques, ni les mêmes destinations hospitalières. En effet, grippe et Covid concernent surtout des adultes fragiles, souvent âgés, malades chroniques et/ou souffrant d'obésité, alors que la bronchiolite touche essentiellement des nourrissons, ou enfants de moins de deux ans. Les services hospitaliers potentiellement saturés ne sont pas les mêmes, puisque les premiers sont reçus par des services adultes, alors que les seconds sont dirigés vers des services de pédiatrie. Les capacités hospitalières et le personnel dédié, médical ou paramédical, sont distincts et non interchangeables. Il serait donc faux et particulièrement angoissant pour la population de dire que ces épidémies s'additionnent en termes de pression sur l'hôpital.
En revanche, les difficultés structurelles sont réelles dans tous les services hospitaliers, et il faut insister sur les mesures de prévention pour diminuer l'impact des virus Covid/grippes (vaccination des plus fragiles, mesures barrières…), et du virus de la bronchiolite chez les enfants (mesures barrières, utilisation du masque pour s'occuper du bébé en cas de rhume, éviter de fréquenter des lieux publics comme les supermarchés, restaurants et transports en commun…).
L'obligation du port masque, en particulier dans les transports en commun, n'a plus de sens pour différentes raisons. Ses bénéfices n'ont jamais été formellement démontrés pour endiguer une épidémie : les virus de l'hiver sont particulièrement contagieux, masque ou pas ; le benchmark avec des pays ayant maintenu l'obligation dans les transports comme l'Allemagne démontrent que les vagues de contamination n'ont pas été enrayées ; enfin, le masque ne remplace en rien des gestes barrières plus simples, comme le lavage des mains ou l'aération efficace, notamment dans les lieux clos familiaux ou professionnels, principaux lieux de contamination ; pire le masque mal utilisé, enlevé et remis n'importe comment, donne un sentiment de fausse sécurité et de relâchement d'une hygiène minimale.
Miser sur la prévention pour lutter contre le diabète, la sédentarité, ou encore l'obésité, nous protégera mieux contre le Covid que le port du masque obligatoire.
Gérald Kierzek
Par ailleurs, les inconvénients du masque chez les enfants ou dans les interactions sociales ne sont pas à négliger, de même que le climat d'anxiété qu'il génère. Encore une fois, les mesures prises doivent être efficaces, proportionnées et tenables sur le long terme, puisque nous devons vivre naturellement avec ces virus et développer un équilibre immunitaire. Inculquer des réflexes simples comme porter un masque quand on est malade semble raisonnable et les plus fragiles d'entre nous doivent se protéger (vaccination Covid et grippe et port du masque FFP2 en lieux clos si besoin). Les autres doivent vivre normalement.
La question du port du masque occulte-t-elle l'autre question de la situation de l'hôpital public ? S'est-elle améliorée ces derniers mois ?
https://www.lefigaro.fr/vox/societe/gerald-kierzek-le-masque-est-un-gadget-politique-qui-eclipse-la-crise-generale-du-systeme-de-sante-20221209
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