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    Poursuites pour agression sexuelle : la macronie protège le parrain du cinéma

    • Date
      30 octobre 2022
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    Accusé par son filleul d’agression sexuelle et en attente de son procès, Dominique Boutonnat a été renouvelé à la tête du Centre national du Cinéma !

    Ces gens ne sont pas comme nous, ils n’ont pas de morale, ils n’ont pas les mêmes règles ! La dépravation sexuelle est ce qui les caractérise…

    la tête de la pièce maîtresse de la collecte de fonds pour le cinéma, l’audiovisuel, et le multimédia, dont dépendent un grand nombre de créateurs, producteurs, distributeurs et exploitants, il soutient une politique de privatisation du financement, largement contestée.
    Mais ni les protestations de la profession quant à cette orientation, ni son récent déferrement devant le Tribunal correctionnel pour agression sexuelle, ne découragent l’Elysée dans son soutien à Dominique Boutonnat. Bien au contraire. Lundi, il a été nommé par décret du ministère de la Culture, en qualité de représentant de l’Etat, au conseil d’administration de France Télévision.
    Retournons en novembre 2019. Nous sommes quatre mois après son arrivée au Centre national du Cinéma et de l’image animée (CNC) – l’établissement public placé sous la tutelle de la ministre de la Culture chargé de la mise en œuvre de la politique de l’Etat dans le cinéma et autres industries de l’image. Le cinéma français est submergé par la vague #MeToo, née aux Etats-Unis deux ans plus tôt, avec les accusations visant le producteur Harvey Weinstein.

    Volontarisme affiché dans la lutte contre les violences sexuelles

    C’est dans ce contexte que se tiennent les 2èmes Assises pour la parité, la diversité et l’égalité dans le cinéma et l’audiovisuel organisées avec le collectif 50/50, le 14 novembre 2019. Le ministre de la Culture Franck Riester annonce une série de mesures pour lutter contre les violences sexistes et sexuelles dans le cinéma. Le versement de toutes les aides du CNC sera bientôt conditionné au respect, par les entreprises qui les demandent, d’obligations précises en matière de prévention des risques liés au harcèlement sexuel.

    “Le cinéma et l’audiovisuel (…) ont une responsabilité particulière. (…) Nous prenons des mesures fortes pour lutter contre les violences et le harcèlement”, déclare à cette occasion Dominique Boutonnat, fraîchement nommé à la tête de l’établissement chargé de la collecte des taxes sur les entrées en salle, auprès des chaînes de télévision et des fournisseurs d’accès, puis de leur redistribution au secteur cinématographique et audiovisuel, via l’attribution d’aides financières.
    Dominique Boutonnat a pris la tête du bras armé de l’Etat dans le cinéma français en juillet 2019, intégrant par là-même le conseil d’administration du Conseil national de la Musique. Son profil le distingue de ses prédécesseurs, hauts-fonctionnaires pour la plupart, précédemment passés par le ministère de la Culture et de grands lieux culturels. Le quinquagénaire, diplômé de Sciences Po Paris, où il a été condisciple de l’ancien Premier ministre d’Edouard Philippe, a d’abord fait carrière pendant près de dix ans dans le groupe assureur Axa. En 2005, il se lance dans la production de films, à commencer par celui de son frère Laurent, puis participe au financement d’autres œuvres, parmi lesquelles L’Arnacoeur de Pascal Chaumeil, Intouchables d’Olivier Nakache et Éric Toledano ou encore Polisse de Maïwenn.
    Dès son entrée en fonction au CNC, l’ex-investisseur affiche son volontarisme sur la question des violences sexistes et sexuelles. De fait, une série de mesures de prévention sont exigées des employeurs du cinéma : dispositif d’information, référent harcèlement, cellule d’alerte et d’écoute, suivi d’une formation… Le tout conditionnant l’accès aux aides du CNC, depuis le 1er janvier 2021.

    « Je le masturbe pour qu’il arrête de me toucher »
    Le 6 octobre 2020, dans les locaux du CNC, des employeurs du cinéma s’apprêtent à recevoir la toute première formation contre les violences sexistes et sexuelles réalisée par l’Association européenne contre les Violences faites aux Femmes au Travail (AVFT). Dominique Boutonnat, ouvre la session, “mais il ne reste pas pour la formation”, se souvient Marilyn Baldeck, présidente de l’AVFT.
    Le lendemain, le président du CNC est visé par une plainte de son filleul pour agression sexuelle et tentative de viol. Dans cette plainte, consultée par l’AFP, la victime présumée, alors âgée de 21 ans, raconte des faits qui se seraient déroulés dans la nuit du 3 août 2020, lors de vacances sur l’île grecque de Kea. Cette nuit-là, alors que les deux hommes veillent tard, sur “insistance” de M. Boutonnat, ils se seraient baignés dans la piscine, sans maillot de bain pour le filleul, selon ses dires. Quand son parrain “l’enlace dans ses bras, assez fortement”, il se sent “mal à l’aise”, raconte-t-il aux enquêteurs. Lorsqu’il indique vouloir aller se coucher, M. Boutonnat l’aurait raccompagné à sa chambre. C’est là qu’il aurait tenté de l’embrasser, toujours selon le récit du plaignant.
    “Je ne fais rien pour le relancer, je reste stoïque”, dit-il. Puis, l’ami proche de sa mère lui aurait avoué avoir déjà “eu envie” de lui. “Cette phrase me fait l’effet d’une claque”, relate le jeune homme, qui tente de “désamorcer la situation”. “Je lui dis que je suis très fatigué, que c’est gentil (…) que moi aussi je l’aime comme un filleul aime son parrain”. Mais il affirme que ce dernier tente de le masturber. “Tétanisé”, il décrit une “torture”. “Je le masturbe pour qu’il arrête de me toucher”, dit-il, ajoutant que son parrain essaie ensuite de lui imposer une fellation. Depuis cette nuit, il affirme que M. Boutonnat “raconte à tout le monde” que son filleul s’est “jeté sur lui”. Il cite “certains textos” envoyés par le producteur à ses parents, dans lesquels il craindrait d’être “un homme mort” si l’affaire s’ébruitait.

    À la suite de cette déposition, une enquête préliminaire est ouverte par le parquet de Nanterre. Dominique Boutonnat est placé en garde à vue le mercredi 10 février 2021 pour tentative de viol et agression sexuelle, puis mis en examen. Il est déféré devant un juge d’instruction dans le cadre de l’ouverture d’une information judiciaire ouverte le même jour. Conformément aux réquisitions du parquet de Nanterre, il est également placé sous contrôle judiciaire avec interdiction de contact avec la victime présumée et de se rendre au domicile de ses parents.
    Malaise en coulisses
    L’affaire révélée dans la presse ne manque pas de faire réagir le Collectif 50/50 qui milite pour l’égalité des femmes et des hommes, la diversité sexuelle et de genre dans le cinéma et l’audiovisuel. “Malgré le cadre privé de cette garde à vue, afin que les parties et la justice puissent pleinement et sereinement entrer dans le processus nécessaire”, le collectif appelle à la “mise en retrait” du président de l’établissement “le temps que la justice puisse dire le droit”. Demande appuyée par la principale association de cinéastes, comptant plus de 400 adhérents, la Société des réalisateurs de films (SRF), “dans un contexte où la parole des victimes de violences conjugales, d’agressions sexuelles et d’incestes commence enfin à être considérée”. Les deux organisations vont jusqu’à engager une “politique de la chaise vide” au sein de la Commission Chavanne – réunie une à deux fois par an par le CNC pour présenter l’évolution du compte de soutien qui finance le cinéma et la production audiovisuelle.
    Le sujet s’invite dans les formations de l’AVFT pour la prévention des violences sexistes et sexuelles, devenues obligatoires pour les professionnels employeurs du secteur, en particulier les producteurs. “Dans les formations on a dû trouver des façons de se positionner, sans mettre l’équipe du CNC, son personnel administratif, que des femmes, en porte à faux, pour que le projet puisse continuer, raconte la présidente de l’association, Marilyn Baldeck. On a fini par introduire la formation en expliquant ce qu’est une mise en examen juridiquement.”
    Au principe d’exemplarité, le ministre de la Culture de l’époque, Roselyne Bachelot, rétorque celui de la présomption d’innocence. Sur LCI, elle explique son refus de demander la démission ou la mise en retrait d’un Dominique Boutonnat “réputé innocent ». « Au nom de quoi prononcerai-je une sanction contre Dominique Boutonnat ? C’est à lui de voir s’il peut exercer en toute sérénité son mandat, il en jugera et il décidera », avance-t-elle.
    Le personnel du CNC sous pression
    La décision est sans appel, mais en coulisses, elle crée des remous. Le syndicat SNAC-FSU des personnels des services culturels de l’Etat réclame lui aussi la mise en retrait de Dominique Boutonnat : “Cette situation totalement inédite dans notre établissement a sidéré le personnel, affirme le syndicat. En interne, les directeurs ont été invités à organiser des réunions avec les agents pour faire passer des éléments de langage, plutôt lénifiants, au regard de la situation. La volonté politique affichée par le CNC de mettre en place des outils de prévention et des engagements de la part des sociétés de production en matière de harcèlement sexuel et sexiste, s’accommode mal de cette situation.”
    En réponse, Dominique Boutonnat adresse une communication interne à ses agents, le 16 février 2021, que Blast a pu consulter. Dans ce “message du président” adressé à ses “cher(e)s ami(e)s”, il rappelle faire “l’objet d’une accusation se rapportant à des faits qui seraient survenus dans un cadre privé, (…) sans aucun rapport avec l’exercice des fonctions qui [lui) ont été confiées”. Il clame son innocence : “Je tiens à vous faire savoir que je récuse totalement ces accusations. (…) Je souhaite vivement que la justice puisse faire son travail dans les meilleures conditions et le plus rapidement possible, afin que mon innocence soit reconnue”, écrit-il, “parfaitement serein quant à l’issue de cette procédure”.

    Message internet de Dominique Boutonnat
    CNC

    « Je remercie chaleureusement les agents du CNC qui m’ont témoigné leur soutien »
    Une chose est sûre, il ne quittera pas son poste, surtout après la prise de position de la ministre de la Culture qui a “rappelé avec force” le principe de la “présomption d’innocence”, et avec le “soutien” qu’il assure avoir reçu de “très nombreux agents du CNC” qu’il remercie “chaleureusement” et dont il salue “l’engagement”.
    Indignation du côté des représentants du personnel. Les syndicats SNAC-FSU, CGT et Sud Culture, réagissent dans une lettre ouverte à la ministre de la Culture, lui demandant de sanctionner un “authentique abus de pouvoir”, “l’instrumentalisation des moyens de communication institutionnels” par Dominique Boutonnat comme “outils de propagande”, “pour servir ses intérêts personnels dans une affaire pénale” et revendiquer “de nombreux soutiens parmi les agent-e-s, dans ce message particulièrement mal venu, tentant ainsi de justifier la poursuite de son mandat”.

    À nouveau, ils évoquent une situation “intenable pour les agent-e-s” auxquels “il a été ordonné de ne pas évoquer cette affaire privée tant sur le lieu de travail que dans la sphère amicale et familiale”, alors qu’ils sont “quasi quotidiennement interpellés par les professionnels sur cette affaire, l’exemplarité du CNC étant en question”.
    L’appui « coûte que coûte » de la ministre de la Culture
    “C’est compliqué d’être crédible dans cette situation sur la prévention des violences sexistes et sexuelles”, souligne encore aujourd’hui Cédric Roms, représentant Sud Solidaires Culture dans les instances ministérielles et référent du CCHSCT sur cette question. “C’est incompréhensible de le maintenir coûte que coûte, dit-il, compte tenu des obligations des professionnels du cinéma vis-à-vis de la prévention. On demande toujours qu’il soit mis en retrait, car c’est la crédibilité de ces politiques, et l’image du ministère et de l’établissement qui s’en trouvent dégradées.” D’autant que, dans les formations aux producteurs, “on porte un message politique qui enjoint les professionnels du secteur à se montrer exemplaires à titre personnel sur leur propre comportement, explique Marilyn Baldeck de l’AVFT, sinon les formations sont nulles et non avenues, car les salariés ne peuvent pas leur faire confiance.”
    En dépit des demandes répétées de mise en retrait, Dominique Boutonnat est maintenu à son poste, sous l’autorité directe de la ministre de la Culture. Tandis que, côté judiciaire, l’étau se resserre. Le 31 mars 2022, le parquet requiert son jugement, considérant que les charges concernant une agression sexuelle sont suffisantes. “Une mise en examen, et d’autant plus cette réquisition du parquet de renvoi devant un tribunal, ça n’est absolument pas systématique dans ces affaires, souligne Marilyn Baldeck. Cela signifie que le dossier est très sérieux, c’est le haut du panier en termes de preuves.”
    Cette fois encore, Dominique Boutonnat reçoit l’appui de la nouvelle ministre de la Culture. Interrogée par Le Parisien, le 20 juin 2022, Rima Abdul Malak souligne que ”la présomption d’innocence prévaut” pour “le patron d’un CNC qui a fait face à la crise et qui, par ailleurs, a été pionnier sur la lutte contre les violences sexuelles et sexistes”, vante-t-elle.
    Par la suite, selon nos informations, la ministre est à nouveau questionnée, en interne cette fois, par le syndicat Sud Solidaires Culture. D’abord le 5 septembre, lors d’une des traditionnelles réunions bilatérales de la rentrée avec les organisations représentatives du personnel du ministère, puis le 11 octobre lors de l’ouverture du comité technique ministériel.

    « Il n’y avait aucune nécessité de le renouveler à son poste »
    Elise Muller, secrétaire nationale Sud Culture interpelle la ministre : “Je lui ai dit que le problème est que le discours ministériel sur la lutte contre les violences sexistes et sexuelles devient inaudible, que cela met en difficulté des cadres du ministère qui instruisent ce type de dossiers lorsqu’ils leur sont remontés. Cela donne l’impression que plus les auteurs présumés sont haut placés, plus il y a de bienveillance.”
    Selon Elise Muller, la ministre “se retranche à nouveau derrière l’Etat de droit, la présomption d’innocence, le caractère privé des faits présumés…” Mais “ça n’est pas le sujet, rétorque la syndicaliste. D’abord parce que l’affaire à caractère privé a été introduite dans la sphère professionnelle par le mis en cause lui-même, lorsqu’il a adressé une communication interne au personnel du CNC dans laquelle il clame son innocence. Ensuite, parce que ça nourrit l’idée que la politique de lutte contre les violences sexistes et sexuelles est en fait de la poudre aux yeux, de l’affichage. C’est donc une question d’exemplarité, de crédibilité et de cohérence du ministère, surtout pour une telle nomination, car il n’y avait aucune nécessité de le renouveler à son poste.”

    En effet, entre-temps, Dominique Boutonnat a été reconduit en conseil des ministres par le président de la République, sur proposition de la ministre de la Culture, à la tête du CNC pour un deuxième mandat, le 20 juillet 2022. Le ministère de la Culture le nomme aussi par décret représentant de l’Etat au conseil d’administration (CA) de France Télévisions, le 17 octobre, en remplacement de sa prédécesseure à la présidente du CNC, Frédérique Bredin.
    En signe de protestation, “je ne siègerai pas au conseil d’administration ce jeudi 20 octobre”, annonce l’élue CGT Karine Baste, dans un communiqué. “Ce qui me gêne moralement, c’est qu’il ait accepté cette reconduction [au CNC] puis cette nomination [au CA de France Télévisions], nous explique-t-elle. Il aurait dû décliner plutôt que de penser à sa carrière, être sensible à l’impact sur un secteur déjà fragilisé. Il ne pouvait que savoir que ce serait clivant.” Selon le représentant FO, Nathanaël de Rincquesen, le sujet n’a pas été évoqué au Conseil d’administration qui s’est tenu ce jeudi matin. Dominique Boutonnat n’y a pas participé et son nom n’a été cité par la présidente de France TV, Delphine Ernotte, que pour lister factuellement l’arrivée des nouveaux administrateurs.
    Dominique Boutonnat prend ses fonctions à ces postes déterminants, malgré les contestations et son renvoi devant le tribunal correctionnel, le 28 septembre, le parquet ayant demandé une requalification en agression sexuelle, suivi par la juge d’instruction qui n’a donc pas retenu les qualification de tentative de viol, lui évitant ainsi un procès aux assises. Une tentative de viol – le commencement d’exécution d’un viol interrompue par une cause indépendante de la volonté de l’auteur – est un crime, jugé aux assises, prescrit dix ans après les faits. Une agression sexuelle – atteinte sexuelle commise avec violence, contrainte (physique ou morale), menace ou surprise – est un délit, jugé dans un tribunal correctionnel, prescrit trois ans après les faits.
    Dans son ordonnance, consultée par l’AFP, la juge d’instruction estime que les faits d’agression sexuelle sont ”suffisamment caractérisés », car M. Boutonnat ne conteste « aucunement les baisers donnés à son filleul ni le fait de s’être couché nu dans le lit de son filleul, dont il connaissait l’inexpérience en matière sexuelle ». La juge souligne « l’ascendant exercé » par le parrain sur son filleul qui le considérait « comme un second père ». Une expertise psychologique du plaignant a aussi montré les « conséquences traumatiques » de cette nuit du 3 août 2020 et n’a révélé aucune « tendance au travestissement de la réalité », note la juge.
    De son côté, avant l’audience dont la date n’est pas encore fixée, Dominique Boutonnat conteste toujours les faits qui lui sont reprochés, par la voix de son avocat Maître Emmanuel Marsigny. “Depuis le début, le président du CNC évoque lui des baisers consentis, des gestes d’affection qu’il a stoppés quand il a senti de la part de son filleul que ce geste aurait pu dégénérer en autre chose”, affirme l’avocat. D’après lui, son client aurait porté plainte pour dénonciation de crime imaginaire et dénonciation calomnieuse, rapporte l’AFP. Ni lui, ni l’avocate du plaignant, Caroline Toby, n’ont accepté nos demandes d’interview, tout comme le ministère de la culture. Quant au service communication du CNC, il nous a répondu que “le CNC n’a pas à commenter le renouvellement de son président qui est décidé en conseil des ministres”.

    Dans le monde du cinéma, « tout le monde a peur de s’exposer nommément »

    Dans le monde du 7e art, nombreux sont ceux qui grincent des dents. “Il n’y avait aucune nécessité de le renommer pour un deuxième mandat. C’est une façon de dire : le pouvoir c’est moi, je n’ai aucune raison d’écouter les contestations du secteur, s’indigne un réalisateur qui souhaite rester anonyme. Le message est catastrophique, il incarne la brutalité du pouvoir. Il y a bien sûr la présomption d’innocence, mais le fait d’avoir un responsable proche du pouvoir, imposé et ré-imposé par Macron, poursuivi pour agression sexuelle, en termes symbolique il y a quelque chose d’extrêmement gênant, au moment où on dit qu’il faut faire évoluer les comportements”, continue l’un des rares cinéastes à accepter de nous répondre. Si le silence du secteur audiovisuel et multimédia est assourdissant, la prise de parole publique du secteur du cinéma est timide.

    Au cours de ses formations, la présidente de l’AVFT Marilyn Baldeck croise des producteurs de cinéma qui lui partagent leur malaise sur la nomination et le maintien de Dominique Boutonnat, mais qui ont “la trouille de s’exprimer publiquement. D’où la mobilisation timide contre le maintien de Dominique Boutonnat à son poste, explique la formatrice. En effet, beaucoup refusent de prendre publiquement position à ce sujet. “Tout le monde a peur de s’exposer nommément. C’est en partie lié à la crainte des représailles en termes de financement de la part du CNC”, confirme une réalisatrice.
    Il faut dire que le CNC règne en maître sur les choix de financement de la création cinématographique. En 2021, l’établissement a versé 614,7 millions d’aides financières (hors mesures exceptionnelles liées à l’épidémie de Covid-19), dont 247,5 millions à la filière du cinéma, via des aides automatiques (films à succès et industriels) et sélectives (courts-métrages, aides à la distribution indépendante, avance sur recettes…) pour 340 films français qu’il a agréés. Et il est d’autant plus délicat de prendre position que les aides accordées par le CNC au cinéma diminuent, mettant davantage en concurrence les candidats. En 2021, le montant des aides est en baisse de 30% par rapport à 2018 (358,5 millions d’euros), et de 20% par rapport à 2019 (311,1 millions d’euros), malgré une tentative de rattrapage de l’année 2020 au cours de laquelle les aides avaient chuté à 196,3 millions d’euros.
    Du côté des organisations représentatives des professionnels du cinéma, on met désormais en avant la nécessité de ne pas brouiller le discours pour privilégier les revendications en matière de financement. “On a déjà communiqué sur le sujet de l’affaire d’agression sexuelle plusieurs fois par le passé, mais ça n’est pas le sujet prioritaire sur lequel la Société des Réalisateurs de Films souhaite s’exprimer aujourd’hui”, explique Rosalie Brun, déléguée générale de la SRF. “Je ne veux pas attaquer le CNC en ce moment, car on en a besoin pour nous défendre face au gouvernement”, ajoute la présidente d’un syndicat de producteurs, qui souhaite rester anonyme.
    À l’appel à des Etats Généraux du cinéma, qui s’est tenu le 6 octobre dernier à l’Institut du Monde arabe, ils étaient des centaines. Mais seule la réalisatrice Valérie Osouf a pris le micro pour évoquer le sujet. Elle rappelle les protestations de nombreux professionnels contre le maintien de Dominique Boutonnat au CNC. “Nous n’avons pas été entendues. Et comme un crachat à nos visages, il a été reconduit dans ses fonctions”, lance-t-elle, au cours d’une intervention largement applaudie. “Tiens, je viens de recevoir un mail pour me remercier de ma prise de parole “salutaire et pertinente”, nous dit-elle le lendemain. Mais j’aimerai bien que d’autres que moi, qui pèsent plus, s’expriment aussi, parce que moi je suis précaire et complètement dépendante financièrement du CNC.”
    Soupçons de « conflits d’intérêts »
    Avant même son arrivée à la tête du CNC en juillet 2019, et tout au long de ses trois premières années de présidence, Dominique Boutonnat a été contesté par une grande partie de la profession. Plus de 70 cinéastes ont exprimé leur inquiétude dans une tribune publiée dans Libération. Une pétition contre sa nomination a recueilli plus de 7000 signatures à ce jour, dont celles de grands noms du cinéma comme Jacques Audiard, Alice Diop, Emmanuelle Bercot, Cédric Klapisch ou Arnaud Desplechin : “Nous condamnons tout autant le clientélisme qui sous-tend l’éventuelle nomination de Dominique Boutonnat à la présidence du CNC que les conflits d’intérêts que cela ne manquerait pas de générer, ou que la politique au service des plus puissants du secteur que cela impliquerait, si l’on en juge par le texte de son rapport.”
    Ce qui inquiétait les cinéastes signataires à l’époque, ce sont les conflits d’intérêts qui pourraient découler de sa nomination avec ses anciens partenaires dans la production de films. En effet, même s’il a annoncé quitter ses mandats et cédé ses parts dans ses sociétés, Dominique Boutonnat a co-créé et dirigé plusieurs sociétés de production. Comme Kea Productions, rebaptisée Atitlan Films, créée en 2010, dont il a cédé la gestion en 2019 à Arnaud Bertrand, avocat fiscaliste qui a été l’un de ses principaux associés dans la direction de sociétés de productions. Avec lui, il a également co-fondé sa société de financement de l’industrie cinématographique et de l’audiovisuel (Sofica) CinéAxe, agréée en 2018. Autre exemple, Electrick Films, créée en 2013 avec le producteur Alain Attal, ainsi qu’un autre de ses associés privilégiés, Hubert Caillard, avocat spécialisé en droit de l’audiovisuel et co-dirigeant du cabinet d’avocats Intervista avec Arnaud Bertrand.
    Les signataires craignaient aussi l’orientation qui se dessinait dans le “Rapport Boutonnat”, fondée sur une logique de “rentabilité des actifs (les œuvres)”, est-il écrit dans le rapport. Ce rapport “sur le financement privé de la production et de la distribution cinématographiques et audiovisuelles” a été commandé à Dominique Boutonnat, le 17 mai 2018, par Bruno Le Maire, ministre de l’économie et des finances, Gérald Darmanin, ministre de l’action et des comptes publics et Françoise Nyssen, ministre de la culture de l’époque. Objectif affiché : Favoriser “l’arrivée de nouveaux investisseurs privés financiers”, pour faire face à “la montée en puissance fulgurante des plateformes numériques”.
    Rien d’étonnant, quand on connaît le parcours de Dominique Boutonnat. Jusqu’à sa nomination au CNC, il a participé au financement de nombreuses œuvres. Son dada : l’investissement privé via le dispositif ISF-PME, une niche fiscale créée en 2007 par la loi TEPA qui permettait de déduire de son Impôt de Solidarité sur la Fortune les investissements effectués dans des PME, à hauteur de 50 % du montant de la souscription au capital de la société. Un dispositif qu’il a utilisé via de nombreux véhicules de défiscalisation, comme Chaocorp Distribution, Elettra, Lorette Productions, Appaloosa Developement, Jouror Productions, ISF Cinéma et bien d’autres dénominations similaires, dont on trouve la liste sur ce site, et qu’il a également créés avec ses associés Arnaud Bertrand et Hubert Caillard.
    Dans son rapport, il vante d’ailleurs les mérites de ce type de dispositifs de réduction d’impôts pour favoriser l’investissement en direct par des particuliers dans des sociétés de production et de distribution de films. Un système d’avantages fiscaux pourtant décrié par la Cour des comptes dans un rapport de 2014 qui recommandait d’en exclure les sociétés de production cinématographiques et audiovisuelles. En cause : l’opacité “sur les montants en jeu ou les sociétés bénéficiaires”, et l’absence de contrôle sur la destination des fonds défiscalisés poursuivant “un seul objectif de rentabilité financière”.
    Renvoi d’ascenseur présidentiel
    Le rapport est présenté le 13 mai 2019, à la veille de l’ouverture de la 72e édition du Festival de Cannes, au cours d’une réception à l’Elysée. Ce jour-là, le président de la République a convié des personnalités des industries culturelles et des équipes de films sélectionnés à Cannes. Quelque 130 invités sont présents dans la salle des fêtes. Parmi lesquels, Nicolas Seydoux, le président de Gaumont, le réalisateur Claude Lelouche, le patron de Canal+, Maxime Saada, la présidente de France Télévisions, Delphine Ernotte… Et bien sûr, Dominique Boutonnat, comme le rapporte Les Échos.
    Peu de temps après ce dîner, il est nommé par le Chef de l’Etat à la tête du CNC. Pourquoi tant de faveur ministérielle et présidentielle ? Sans doute, parce que Dominique Boutonnat encourage une politique de financement de la création libéralisée et privatisée, telle que prônée par Emmanuel Macron. Mais ce n’est pas tout. Comme le déplorent plusieurs de nos interlocuteurs du monde du cinéma et des représentants du personnel ministériel, l’entêtement du président de la République à maintenir et reconduire M. Boutonnat fait planer le soupçon du copinage, “en donnant l’impression qu’il privilégie et protège un ami”.
    Les liens qui lient les deux hommes sont méconnus. Toutefois, il est établi qu’ils se connaissaient avant l’élection d’Emmanuel Macron en 2017, notamment grâce aux révélations de Médiacités. A partir de documents consultables dans les Macronleaks, on découvre la mention récurrente de dîners de levée de fonds auxquels Dominique Boutonnat a participé. Il est même l’organisateur de l’un d’entre eux, dès le premier mois du lancement du mouvement En Marche !, en avril 2016. On en retrouve la trace dans un document, appelé “Fundrising – Reporting”, envoyé le 26 avril par Christian Dargnat, trésorier de l’association de financement du mouvement, à Julien Denormandie, cofondateur d’En Marche !, ancien directeur de cabinet adjoint au ministère des Finances auprès d’Emmanuel Macron et désormais ministre de l’Agriculture.

    L’événement intitulé “cocktail dinatoire Dmitrieff / Boutonnat” se tient le 27 avril, au domicile d’un certain R. Zarka dans le septième arrondissement de Paris. Treize personnes sont conviées à ce cocktail co-organisé par Nicolas Dmitrieff, fortuné président du directoire du groupe Constructions industrielles de la Méditerranée (CNIM), “au taquet” pendant la campagne. Il y est prévu un passage d’une heure d’Emmanuel Macron. La somme des dons qui doivent être récoltés ce soir-là est estimée dans le document à 78 000 euros.
    Lors de ce cocktail, Dominique Boutonnat a lui-même réalisé un don de 7500 euros pour la campagne, soit le plafond légal de don annuel à un parti. Ce qui en fait l’un des premiers “grands donateurs”. C’est ce que nous enseigne un autre document joint dans les emails des MacronLeaks par Clara Koenig – actuelle adjointe à la cheffe du pôle communication de la Première ministre, Elisabeth Borne – qui avait alors été chargée de tenir un fichier de suivi de l’encaissement des chèques de dons. Le tableau excel recense l’ensemble des dons, atteignant 497 324 euros à la date du 8 juin 2016.

    Un don de 7500 euros réalisé par Dominique Boutonnat pour le parti En Marche en 2016
    Macronleaks
    Le 25 mai 2016, Dominique Boutonnat figure également parmi les 58 invités du quatrième événement de levée de fonds de la campagne : un cocktail dinatoire, programmé au domicile d’un entrepreneur qui a été l’un des “instigateurs” du mouvement, Gaël Duval, “business angel” très “start up nation”, fondateur de la “French Touch Conference”, siégeant au Conseil national du numérique. A nouveau, la présence d’Emmanuel Macron est prévue pendant une heure.
    Ce ne sont visiblement pas les seules rencontres de Dominique Boutonnat avec le premier cercle d’Emmanuel Macron. Nous avons aussi découvert dans les Macronleaks son échange d’email en juin 2016, avec Christian Dargnat, le trésorier qui est alors directeur général de BNP-Paribas Asset Management, branche du groupe bancaire chargée de la gestion d’actifs, et Emmanuel Miquel, passé par la banque JPMorgan, et les fonds d’investissement BC Partners et Ardian, devenu conseiller entreprise, attractivité et export d’Emmanuel Macron de 2017 à 2019, puis retourné chez Ardian.

    Un échange en vue de la tenue d’un cocktail, le 13 juin 2016, au domicile de Stanislas Guérini, alors secrétaire de l’association de financement du mouvement, puis délégué général de La République en marche et actuel ministre de la Fonction Publique. Il s’agissait alors de “recueillir [les] observations et échanger sur les perspectives de [leur] action” avec  leurs “chers amis”, “premiers grands soutiens de l’évolution du mouvement”. “Je viendrai avec grand plaisir”, s’enthousiasme Dominique Boutonnat. “Excellent ! Merci Dominique. A lundi prochain. Bien à toi”, répond Emmanuel Miquel.
    Le ton est très amical. Il faut dire qu’à la lumière de ces documents, Dominique Boutonnat apparaît comme l’un des généreux donateurs de la première heure. C’est même l’un des dénommés “PP”, abréviation de “poissons pilotes”, le petit nom donné par l’équipe de campagne d’Emmanuel Macron aux personnalités influentes sur lesquelles ils pouvaient compter pour recruter de nouveaux donateurs. Difficile alors de ne pas voir dans sa nomination et sa reconduction à la tête du CNC, malgré les accusations d’agression sexuelle dont il fait l’objet, une “récompense pour ses bons et loyaux services”, comme le dénoncent les signataires de la tribune de Libération.

    Source

    https://www.lelibrepenseur.org/poursuites-pour-agression-sexuelle-la-macronie-protege-le-parrain-du-cinema/

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